Blog

Eugène LAPEYRE

18:56 09 août in Non classé

Eugène Denis Lapeyre est né à Aville (Aude) le 8 janvier 1894. Il entre dans la marine en 1912 et devient Enseigne de vaisseau (grade militaire d’officier) de 2ème classe le 5 février 1915.

eugène lapeyrePendant la première guerre mondiale alors qu’il se trouve à l’intérieur du sous-marin Circé, celui-ci est coulé par un torpilleur autrichien U47 devant Cattaro au large du Cap de Rondani, en mer Adriatique le 20 septembre 1918. Seul survivant, le commandant en second E. Lapeyre qui était de quart sur le pont, est fait prisonnier durant plusieurs mois à Vienne.

Rapport de l’Enseigne de Vaisseau LAPEYRE, officier en second du sous-marin CIRCE, au vice-Amiral, Chef d’Etat-major général. (Source : Espace Tradition de l’Ecole Navale).

circe
“J’ai l’honneur de vous rendre compte de la croisière de la CIRCE des 17,18, 19 et 20 septembre 1918. Nous vous avons quitté Brindisi le 17 dans l’après-midi.
Nous avons veillé en plongée le 18 et de 19 septembre. Nous n’avons rien vu le 18 ; le 19 vers 16 heures, une fumée a été signalée dans le N.W. (environ). Après l’avoir chassée une demi-heure en ne la voyant qu’à de longs intervalles, elle a été tout a fait perdue de vue.
Il est possible que cette fumée soit celle d’un petit bâtiment longeant la côte et se dirigeant sur l’embouchure de la Bojana. Son relèvement n’a pas varié.
Le Commandant hésitait à continuer la chasse lorsque nous avons vu environ dans le S.E. 2 torpilleurs d’environ 250 tonnes à environ 2 milles. Nous les avons chassés, mais nous les avons vite perdus de vue. Ils se dirigeaient vers le Cap Rodoni.
Cette observation a conduit le Commandant à décider de veiller la nuit près du Cap Rodoni pour y attaquer les convois qui pourraient y passer. La charge terminée à une heure le 20, la CIRCE s’est placée à 9 milles à l’ouest du Cap Rodoni.
J’ai pris le quart à une heure. En me laissant le quart, le Commandant m’a donné l’ordre de veiller en ce point jusqu’à 2h30, puis de me placer à 7 milles de terre. A 2h30, j’ai fait vidanger les cales et ai fait mettre un moteur Diesel en marche à 250 tours de 2h45 à 3h15. A 3h15, j’ai fait mettre les ventilateurs en marche, le second-maître électricien DUCHESNES et le quartier-maître canonnier FOUILLEN étaient de quart avec moi. Je leur avais donné l’ordre de veiller chacun la moitié de l’horizon. Je veillais plus spécialement dans la direction de la lune. En stoppant, à 3h15, j’avais orienté la CIRCE cap à la lune qui était pleine et à environ 30° au-dessus de l’horizon. Il faisait calme blanc ; les ballasts AV et AR étaient pleins, seuls les centraux étaient vides.
Vers 4 heures, nous relevions la lune à 45° par bâbord, je me suis subitement trouvé à l’eau sans avoir rien vu ni entendu. J’ai seulement le souvenir que dans une demi-conscience j’ai entendu un bruit analogue à celui que fait l’air comprimé qui se détend.
J’ai nagé environ 15 minutes, puis au vu subitement une masse noire. J’ai appelé. Le sous-marin s’est dirigé vers moi et m’a recueilli. Il est probable qu’il venait de faire surface.
J’ai demandé en allemand que l’on cherche à sauver les deux hommes qui étaient de veille avec moi, mais le Commandant autrichien m’a répondu qu’il n’y avait personne sur l’eau.
On m’a fait descendre dans le sous-marin dont les 2 panneaux étaient ouverts. On a pansé les blessures que j’avais au visage et qui étaient plus nombreuses que graves. J’ai été très bien traité. Après avoir dormi une heure, je suis monté sur le pont. Très près du Cap Pali, vers 7 heures du matin, l’U-47 sur lequel je me trouvais a accosté l’U-43 après avoir échangé un signal par pavillon. L’U-47 parait en croisière et j’ai embarqué sur l’U-43 qui montait vers le Nord…”

Il devient ensuite cadre chez Francolor à Oissel et prend sa retraite en 1959.

Recruté au Conseil d’Administration du Foyer Stéphanais en 1949, il succède au Président René Hartmann en 1953 lorsque celuI-ci décède. Il restera à ce poste jusqu’en 1974, atteint par la limite d’âge.